Définition de CAMUS, CAMUSE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ka-mu, ka-mu-z' ; l's ne se lie pas dans la conversation

DÉFINITIONS

1
Qui a le nez court et plat.
Pour toi, Socrate, tu n'étais qu'un pauvre homme, laid, camus, chauve
Ils déclarent qu'on ne peut être camus sans avoir de nez
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Phil. II, 169
Un nez camus, un nez court et plat.
Il [mon nez] n'est ni camus, ni aquilin, ni gros
de LA ROCH. dans Portrait.
Se dit aussi de certains animaux. Un chien camus. Cheval camus, cheval dont le chanfrein offre une espèce d'enfoncement.
2
Sémantique : Fig. et familièrement, embarrassé, interdit.
....Et n'est Nostramus Qui l'astrolabe en main ne demeurât camus
Oui, Charlotte, je veux que Monsieur vous rende un peu camuse
A côté de demeurer camus, on dit aujourd'hui avoir un pied de nez ; de sorte que des images toutes contraires peuvent cependant exprimer la même pensée ; l'idée fondamentale est toujours celle d'une disproportion ridicule dans l'endroit le plus apparent du visage.
Camus en chien d'Artois, camus comme un chien de Boulogne, cela se disait de quelqu'un fort interdit de se voir trompé dans son attente. Le chien d'Artois, le chien de Boulogne est une variété de carlin.
Madame votre fille est pleurante en un coin ; Monsieur votre neveu grommelle sur du foin, Camus en chien d'Artois d'avoir compté sans hôte
de Jean de LA FONTAINE dans Je vous prends sans vert, 14
3
Nature : Substantivement. Un camus, une camuse, une personne qui a le nez camus.
4
Un des noms du dauphin (poisson).

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
D'entre les sorcix [sourcils], à compas, Muet [meut, sort] ses nes trop haut ne trop bas ; N'est pas camuse ne bekue
dans Bl. et Jehan, 265
Trop grans mamieles font les enfans camus devenir, quant par deseur le nes les metent
de ALEBRANT dans f° 30
2
XIVe s.
Une paire de cousteaulx camus, à deux virolles d'argent
Je croi qu'il n'ot si laid de Resnes à Disnant ; Camus estoit et noir, malostru et nuisant
dans Guesclin, V. 55
3
XVe s.
Si en furent camus les conseilleurs, mès aultres y cuiderent ruer qui y faillirent
de CHASTELAIN dans Chr. des d. de B. 2e p. ch. 8
4
XVIe s.
Voilà une belle response, ce me semble, et des harangueurs bien camus
de Michel de MONTAIGNE dans I, 189
Il est demeuré tout camus, pour dire que quelqu'un est demeuré tout honteux
de Henri ESTIENNE dans du Nouv. lang. fr. p. 475
Voulez-vous en françois braver un homme, vous dites que vous le ferez bien camus, ou que vous lui rendrez le nez aussi plat comme une andouille
La ligue se trouvant camuse, Et les ligueurs fort etonnés Se sont avisés d'une ruse ; C'est de se faire un roi sans nez [Sur l'élection du duc de Guise qui était camus]
dans Sat. Ménippée

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. camus, gamus, niais, sot ; ital. camuso, camoscio. Origine incertaine. On a indiqué le celtique cam, courbé ; mais, comme le remarque Diez, un suffixe us n'existe pas dans les langues romanes ; dès lors il est porté à y voir un mot composé ca-mus, où mus se rapporte à l'italien muso, français museau, et où il y aura un préfixe ca, peut-être péjoratif (voy. CA préfixe). D'autres l'ont rapproché de l'italien camoscio, espagnol camusa, chamois ; le chamois, comme la chèvre, pouvant être dit camus ; la forme des mots parle pour cette dernière étymologie.